Que ce soit dans la littérature, le cinéma, les séries TV, depuis des décennies les humains projettent une intelligence artificielle dans un corps plus ou moins humanoïde, animalier, ou un avatar. On rêve d’un assistant, voire d’un compagnon, l’on craint un prédateur, un remplaçant. Quelle est la part de fantasme, de démarche marketing et la réalité concrète, technique dans le développement de ces agents dits « sociaux » ?
Pour partager cette interrogation, une discussion sur la nature profondément interactionnelle et sociale du langage humain est le plus court chemin pour d’une part mettre à jour les nuances qu’il existe entre Siri ou Alexa et une personne qui nous dit bonjour, et d’autre part ne pas vouer aux gémonies le développement technologique des IA. La discussion portera aussi sur l’interaction entre le robot et les enfants dans un contexte d’apprentissage d’une langue étrangère, sur la base d’expériences menées dans des classes finlandaises.
La table ronde sera composée de 4 experts travaillant sur ces sujets et sera animée par Jean-Philippe Payette, enseignant de français à l’école européenne d’Helsinki.
(Évènement en anglais)
Nicolas Rollet, diplômé d’un doctorat en sciences du langage (ILPGA, Sorbonne Nouvelle Paris 3, 2012), s’est spécialisé dans les études d’interactions dans des contextes ordinaires et professionnels tels que les réunions familiales, les répétitions musicales, l’utilisation de bibliothèque numérique, l’interaction médicale d’urgence, l’interaction homme-robot ou encore les séances d’échographie prénatales (Télécom Paris, SAMU-Centre15, Urgence 114, CNRS, BNF). Ses travaux s’inscrivent dans le cadre de l’Ethnométhodologie, analyse de la conversation accompagnée d’une sensibilité ethnographique. Il s’intéresse, entre autres, à la manière dont le langage s’intègre au corps et à l’intégration de dispositifs techniques dans des activités sociales complexes. Il est maître de conférences à Télécom Paris dans le département de sciences sociales.
Marjut Johansson est professeur au département d’études françaises, au sein de l’école des études en langues et traduction de l’Université de Turku. Ses centres d’intérêt portent sur l’interaction résultant de l’intelligence artificielle, comme les agents conversationnels (chatbots) et sur les interactions homme-robot. Ses autres travaux se concentrent sur l’interaction numérique et le discours et incluent des recherches sur le discours des actualités en ligne, les réseaux sociaux, Twitter, les forums de discussion et les vidéos. Elle a écrit plusieurs ouvrages sur ces sujets. Elle s’intéresse aussi aux sciences humaines numériques et pluri modales ainsi qu’aux méthodologies mixtes.
Liisa Peura est doctorante au département de français de l’université de Turku en Finlande. Elle fait partie de l’équipe RoboLang (https://sites.utu.fi/robolang/). Elle s’intéresse tout particulièrement à l’interaction dans le contexte d’apprentissage du français à l’école : les nouvelles conceptions pédagogiques, les réactions affectives à l’apprentissage des langues assisté par ordinateur. Elle a une longue expérience d’enseignement du français et du développement de l’apprentissage des langues à Espoo. Elle souhaite rapprocher les approches de terrain et la recherche à travers l’apprentissage des langues à l’école.
Teppo Jakonen est chercheur associé de l’Académie de Finlande, à l’école des études en langues et traduction de l’Université de Turku. Ses recherches étudient le rôle des interactions sociales dans l’enseignement et l’apprentissage des langues, en adoptant une perspective analytique de dialogue multimodal. Ses travaux précédents ont porté sur la façon dont le corps humain et les objets sont utilisés comme ressources pour l’apprentissage, comment les dispositifs technologiques organisent l’interaction et quelles sont les normes en matière de processus d’interaction et de langage dans les classes bilingues. Il participe au projet Telepresence robot mediated embodied interaction in hybrid language learning environments (2021-2026), qui étudie la façon dont les robots peuvent être utilisés en soutien à la participation à distance dans l’enseignement en classe.